L'histoire des Porsche en Suisse
Naissance d'un mythe
Voilà 50 ans que la société AMAG importe la marque Porsche. Et voilà 50 ans que Porsche est le numéro 1 des voitures de sport dans notre pays. Le 14 mars 1951, durant le Salon de Genève, un contrat préliminaire était signé et le 5 avril de la même année on ratifiait le contrat d'importation. Cependant, les premiers contacts en Suisse furent déjà noués avant cette époque-là : le devenir de Porsche en tant que constructeur de voitures de sport est lié aux impulsions venues de Suisse.
C'est au cours de l'année 1947 que Ferry Porsche (1909 - 1998), le fils du légendaire créateur de la VW, le professeur Ferdinand Porsche (1875 - 1951), et le bureau d'étude de Porsche AG entreprennent la conception de la 356, une voiture de sport basée sur la technologie de la Volkswagen. Au début de l'été 1948, le projet de la 356 était devenu réalité ; il avait la forme d'une voiture de sport ouverte, basse, à deux places, aérodynamique, dotée d'un châssis tubulaire. Le moteur VW, logé derrière les sièges, servait de moteur central, un 35 ch au lieu des 25 ch d'origine. Le 8 juin 1948, la première voiture à porter le nom de Porsche reçut son autorisation de mise en circulation.
La marque de voitures de sport Porsche était née
L'idée de la Porsche vient-elle de Zurich ? Le fait que la Porsche ait pu voir le jour tient en partie au mérite du Zurichois Rupprecht von Senger (1915 - 1970), un passionné d'automobile. Ce dernier était, durant la guerre, dessinateur technique dans l'usine de machines-outils Oerlikon, Bührle & Cie.
Après la fin de la guerre, von Senger se lança dans la conception d'une voiture de tourisme à 4 places (moteur à injection 1,5 à 2 litres, 4 cylindres, 60 à 70 ch, refroidi par eau, carrosserie en aluminium). Cette voiture devait être fabriquée en série en Suisse. On en fixa le prix de vente à Fr. 7 500.--.
Avec ces déclarations, von Senger s'adressa au "Bureau d'étude de Porsche" et chez Porsche on se lança dans la réalisation du projet 352. Mais force fut de constater, par la suite, que la fabrication de la voiture telle que R. von Senger l'avait conçue coûtait trop cher et le projet fut, donc, abandonné.
Les études pour la 352 avaient coûté assez cher à von Senger qui fit, bien entendu, tout son possible pour rester en affaires avec Porsche.
Quand chez Porsche on avait commencé la construction du projet 356, un projet de construction d'un modèle Porsche de sport, on proposa à von Senger de participer financièrement à la fabrication du prototype et de commander 5 voitures de série. En même temps, il devait acheter en Suisse les pièces nécessaires à la construction du véhicule. En retour, von Senger devait obtenir la représentation de Porsche pour la Suisse.
Dans l'euphorie, von Senger s'était engagé à acheter 50 Porsche. Toutefois, par manque de matériel, la production fut retardée et, fin 1948, elle n'avait fabriqué que quatre châssis ! R. von Senger était dans une situation délicate : il perdit tout ce qu'il possédait, mais, après l'aventure Porsche, il entama une carrière d'architecte qui fut couronnée de succès.
Toujours est-il que von Senger avait réussi à intéresser Bernhard Blank à la Porsche. Ce dernier était le propriétaire de la pension "Seefeld", située Dufourstrasse 4 à Zurich et, qui plus est, marchand de voitures. Et bientôt on put voir dans le local d'exposition de Blank un coupé 356 et un châssis 356.
Entre-temps à Gmünd, on avait commencé la construction du coupé 356 et, comme le matériel manquait toujours, on décida de faire fabriquer les cabriolets en Suisse. Blank recommanda l'entreprise Gebrüder Beutler de Thoune, dont les carrosseries l'avaient impressionné au Salon de Genève en 1947.
Les six cabriolets Porsche 356 carrossés par Beutler furent vendus en partie par Blank, mais aussi par Porsche. Blank gagna en juin 1949 une médaille au concours international d'élégance de l'ACS de Lucerne avec un cabriolet bordeaux, numéro de châssis 003 (châssis de 1948, carrosserie de 1949). Elle fut ensuite vendue en Egypte, avant de revenir par des voies détournées en Suisse où elle est, depuis plus de 40 ans, en la possession d'un collectionneur dans les environs de Berne. La 356/003 est, de nos jours, la plus vieille Porsche de série qui existe encore.
Toutefois, le numéro 1, la toute première Porsche, revint de Gmünd à Zurich où elle obtint l'autorisation de mise en circulation le 20 décembre 1948. Elle fut importée et vendue pour Fr. 7 500.- par Blank, le premier agent Porsche. La voiture fondatrice du mythe resta dans notre pays jusqu'en 1958 et fut ensuite acquise par Porsche. Elle est actuellement la pièce maîtresse du musée Porsche à Stuttgart-Zuffenhausen.
AMAG entre en scène
Le 17 septembre 1948, Porsche réussit à conclure un contrat avec l'usine de Volkswagen, aux termes duquel VW s'engageait à livrer des pièces à Porsche qui avait le droit d'utiliser le réseau de distribution de VW. En contrepartie, les ingénieurs de Porsche servaient de consultants au bureau d'étude de VW. Porsche obtint, de plus, pour chaque Volkswagen sortie de fabrication un droit de licence.
Ce contrat permit à Neue AMAG (nom de l'AMAG jusqu'en 1953) de faire son entrée en scène à Gmünd. Elle avait commencé en mai 1948 à importer et à commercialiser la VW en Suisse et disposait déjà d'un réseau bien rodé d'agents, présent sur l'ensemble du territoire.
En 1948, Hans Stanek, le chef des ventes de l'AMAG, entendit également parler de Porsche et commença à s'intéresser à la marque. Comme l'AMAG importait déjà la Triumph, voiture de sport anglaise, il n'était pas question dans l'immédiat d'élargir ce segment.
En 1950, à l'occasion de l'une de ses visites à Wolfsburg, le professeur Albert Prinzing, représentant les intérêts de Ferry Porsche et directeur général de l'entreprise, aborda avec Stanek les possibilités d'import de Porsche par l'AMAG.
Le déménagement à Stuttgart marqua la fin de la société Porsche Konstruktionen GmbH de Gmünd, la raison sociale de l'entreprise redevint Dr. Ing. h.c. F. Porsche KG. C'est ainsi que le contrat signé entre Blank et Porsche Gmünd devint caduc et, manifestement, personne à Stuttgart ne songeait à le renouveler.
Le professeur Dr Heinrich Nordhoff, directeur général de Volkswagen, jouant de son influence sur l'AMAG qui finit par se convaincre que le moment était venu. A la demande de Porsche, les deux dernières voitures qui étaient encore en possession de Blank furent achetées par Hans Stanek au nom de l'AMAG.
Une Porsche prend la place de la Moskwitsch...
En 1950, Blank ne s'était pas occupé du Salon international de l'automobile de Genève et, vu les circonstances, personne ne réserva de stand pour la marque au salon de 1951.
Quelques jours avant l'inauguration du salon, le destin vint à l'aide de Porsche. La présentation annoncée en grande pompe d'une nouvelle voiture soviétique de la marque Moskwitsch fut purement et simplement annulée par la représentation commerciale soviétique de Genève.
L'AMAG sauta alors sur l'occasion et réserva le petit stand, situé juste derrière l'entrée principale du Palais des Expositions. L'espace ne permettait d'exposer qu'une seule voiture, un coupé 356.
Pendant le salon (du 8 au 18 mars 1951), Porsche KG et l'AMAG entamèrent des négociations. Tout le monde était d'avis que l'entreprise suisse, qui importait avec un tel succès la coccinelle et qui avait édifié un réseau d'agents et de service après-vente si dense, était le partenaire idéal pour commercialiser la marque Porsche. Mercredi 14 mars 1951 au soir, on se retrouva à l'Hôtel Du Rhône à Genève et on signa un accord. Porsche s'engageait à fournir à l'importateur les coupés et les cabriolets 1,3 litre, en contrepartie de quoi l'AMAG devait vendre au moins 50 voitures en 1951. L'accord signé à Genève fut remplacé le 5 avril de la même année par un contrat de représentation générale.
Le 6 juin parut la première annonce publicitaire pour la Porsche. Tout naturellement, on y rapprochait l'histoire de sa conception et de sa technologie de celle de la Volkswagen. On pouvait lire au-dessus d'un dessin de la célèbre 356 coupé du fameux dessinateur zurichois Hans Looser : "Imbattable dans sa catégorie et aussi bon marché qu'une VW dans la catégorie des prix plancher !".
Le fait qu'elle soit techniquement parlant proche de la Volkswagen, qu'elle possède la même perfection et la même fiabilité techniques ainsi que l'excellent réseau VW existant en Suisse firent de Porsche une voiture de sport réellement unique en son genre. Lorsque l'AMAG commença à importer la nouvelle marque, sa vente et son service après-vente furent confiés au niveau national à de nombreux agents VW.
Le prix d'une Porsche à cette époque
Durant l'été 1951, la Porsche 356 coupé dotée d'un moteur de 1,3 litre coûtait chez l'agent Fr. 13 500.-- et le cabriolet Reutter Fr. 16 500.--. "Chauffage et dégivrage inclus + impôts sur le chiffre d'affaires. Vente et service après-vente chez tous les agents VW." Certes, cela ne faisait pas de la Porsche une voiture bon marché, mais l'offre était intéressante.
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