Les présentations étant faites, je ne reviens pas sur les caractéristiques de la rainette (bah oui, on dirait quand même une petite grenouille) mais vais plutôt m'étendre sur la prise de contact.
7H du matin, cela fait une heure et demie que j'ai pris mon petit déjeuner et c'est tant mieux car au moment de s'installer (je devrais plutôt dire descendre) dans le siège passager, la capote ne facilite pas les choses (sinon, j'aurais bien entendu fait comme dams les films : un saut de cabri et j'arrive directement en place) et cela tient plus du contorsionnisme que du geste élégant de gentleman driver.
Une fois installé, on découvre avec bonheur que nous sommes entourés d'aluminium : cela tombe bien, j'adore ça.
Alain n'a de cesse de me montrer les nombreux rangements, à en rendre jaloux un propriétaire de monospace.
Pour en revenir à l'aluminium, les motifs du plancher m'ont immédiatement rappelé quelque chose, mais plus moyen de me souvenir quoi.
Ce n'est que le soir en revenant que j'aurais la réponse : les radiateurs accolés aux élément électroniques qui chauffent beaucoup (amplis de puissance, etc.). En effet, le châssis qui nous entoure conduit énormément la chaleur : un pur bonheur pour les petits matins frais (j'avais emmené un col roulé dont je n'ai pas eu besoin), mais peut-être moins commode pour les retours par temps lourd comme hier, surtout quand le doute sur l'imminence d'un orage nous conseille de ne pas décapoter.
Après une petite épreuve (c'est effectivement le mot, mais au moins, on respecte le 120 sans trop de problème) autoroutière et quelques dialogues de sourds, nous arrivons au pied de la montée de St Cergues. Dès les premiers virages un vague mal au coeur apparaît : c'est que ça colle au sol ce petit truc là : on va bien regarder la route alors...
Ensuite, on s'habitue et tout va bien. Les virages sont pris sans roulis alors que les amortisseurs restent étonnamment confortables (heureusement car l'épaisseur de mousse des sièges n'a d'égal que celle de ma couche de matière adipeuse).
On attends tous les virages avec un grand sourire : on ne roule pas forcément vite, mais on n'a pas besoin de beaucoup freiner. Et dire qu'Alain avait prévu de roder ses plaquettes sur le trajet.
Nous arrivons sans encombre au circuit et je demande à Alain de refaire le plein pour gagner du temps sur la journée (ah l'habitude des journées circuit en 965 avec 3 à 4 pleins dans la journée).
Il insiste pour mettre 10 litres de SP98 mais finalement doit s'arrêter quand cela déborde. La pompe affiche alors son verdict 9.93 litres (je pense qu'il l'a fait exprès) pour environ 150 Km de parcourus...
Là, je tombe de plus en plus en terrain inconnu... Comment une chose qui consomme comme une 2 CV va pouvoir nous faire rire sur circuit ?
Finalement, après quelques salutations, nous enfilons nos casques, nous sanglons dans les harnais tout neufs et partons sur la piste.
En passager d'abord. Je ressens déjà l'absence de l'effet sac à dos. Cela semble assez facile vu du siège passager : mon pilote du jour tourne le volant et corrige alors que la voiture obéit.
Elle semble pardonner facilement et les sorties de courbe n'obligent pas à doser l'arrivée brutale de la puissance : un soucis de moins pour se la mettre en main.
Après quelques sessions, Alain me propose d'en prendre le volant. Je fais semblant d'hésiter mais j'en mourrais d'envie.
Ah tient, ils ont mis une tige de 2 cm de large comme accélérateur : il ne va pas falloir se tromper...
Bon, c'est parti. Les vitesses passent bien et je fais quelques changements de vitesses pour m'habituer. Les freins n'ont pas le mordant que j'aime tant, mais la puissance est là : il faut juste appuyer. Le dosage n'est pas forcément facile car on ne sait pas trop où on en est par rapport au blocage.
Après quelques virages, je commence à vraiment me faire plaisir : on enchaîne les repères comme en kart de location quand on doit arrondir les courbes pour ne pas perdre trop de vitesse et devoir relancer.
C'est une évidence : cela doit être l'une des meilleures écoles de pilotage : le châssis est top, la voiture saine et bien équilibrée. Elle fait exactement ce que l'on veut et elle pardonne beaucoup (avec le faible moment d'inertie, je m'attendais à quelques surprises de l'arrière).
Déjà nous jouons avec quelques voitures ayant une cavalerie bien plus conséquente...
La voiture est vraiment progressive et l'accord Toyo R888 avec les suspensions Nitron semble idéal. La voiture dérive très légèrement de l'arrière plutôt que s'échappe vraiment : on ne touche ni au volant ni à l'accélérateur et elle finit sa courbe comme ça, dans l'espace prévu.
Pendant le repas, nous parlons avec JP qui nous dit qu'il est peut-être temps de retarer les amortisseurs réglables. Nous sentant des âmes de pilotes, nous n'hésitons pas une seule seconde : c'est certainement là que sont cachées les grosses poignées de secondes qui nous manquent.
Enfin, comme JP nous l'avons conseillé, nous avons roulé seul dans la voiture. Bien que ce soit après le repas, j'ai alors pris un plaisir énorme : la voiture se place là où elle veut et en soignant un peu les trajectoire le compteur indique enfin 180 en bout de la ligne droite.
Je passe une Lotus Elise jaune et un peu plus tard elle me repasse dans la ligne droite. Je prolonge un peu mon freinage et lui aussi : gros blocage pour lui et il sortie dans l'herbe mais il a réussi à revenir (entre temps, j'avais lâché pour ne pas faire sa rencontre de trop près). Après un petit signe de sa part on en reprend là où nous nous étions interrompus : j'essaie de le suivre. Il a l'air de la connaître mais je m'accroche un peu.
Mais en bout de ligne droite, un autre copain de jeu vient s'amuser avec nous : une belle 997 GT3 RS me passe et là encore je retarde un peu on freinage "pour voir" (2 tours avant, j'avais fais un freinage test bien avant et me retrouvais à l'arrêt en quelques mètres).
Finalement je me remets derrière lui, mais peut m'arrêter mieux et suis en mesure de lui faire l'intérieur car il a tiré un peu long. Et puis pas trop joueur quand même, surtout que ce n'est pas la mienne, je le laisse passer et me met en tête de le suivre. Là où on voit le poids l'embarquer assez large, je passe en faisant moins de détour, avec des trajectoires plus tendues. On voit qu'il se bat avec la voiture : elle part à gauche, à droite... Je pense que la consommation de sueur dans les deux voitures est proportionnelle à la consommation d'essence.
Mon camarade de jeu en Elise jaune (j'apprendrais plus tard qu'il avait 200 ch) en a profité pour prendre le large.
A chaque fois qu'il y a une courte partie droite, je me prends quelques dizaines de mètres de retard sur la Porsche.
Au final, après 2 tours, je me suis pris un peu moins de la longueur de la ligne droite de retard sur la GT3 RS. Pas mal pour 295 ch de moins, une voiture que je découvre et surtout n'ayant plus beaucoup conduit sur circuit depuis 2 ans (une seule sortie en 2008).
Une seule chose peut expliquer cela. J'aurais aimé dire que c'étaient mes talents de pilote
, mais je dois reconnaître que c'est autre chose : Colin avait raison : Light is Right.
Je reviens de mon tour intarissable sur cette rainette et commence à raconter environ 57 fois ces histoires de freinages, de différence de puissance mais de facilité à rester au contact dès que cela tourne...
Je me suis amusé comme il y a longtemps que je ne m'étais pas amusé : pas d'appréhension d'envoyer la puissance, de dérobade : seulement aligner ses trajectoires et réapprendre...
Voilà, je ne peux pas dire que cela me laisse sans voix vu la longueur de mon post, mais je suis conquis...
Une autre approche du circuit que je ne connaissais pas : j'ai toujours aimé me battre avec les voitures (je n'ai jamais eu de 911 atmosphérique), mais j'avoue que ce retour aux racines du pilotage m'a emballé.
Je m'arrête là car je pense que j'ai perdu tout le monde en cours de route.
Denis