Me voilà sans Titi et avec seulement gros Minet pour me consoler.
Etonnament, je ne suis pas aussi triste que j'ai toujours pensé que je serais si je devais vendre Titi. Mais il y a bien une raison : la vente de Titi et Gros Minet doit servir à accomplir un projet que j'ai en tête depuis bien longtemps : acheter une 993 GT. Mais comme j'irai forcément sur piste, il me fallait un arceau et je ne me vois pas percer des trous pour mettre un arceau dans l'une des 192 unités 993 GT produites.. Bref, il me fallait donc l'arceau d'origine. Cela tombe bien car parmi les 192 produites, 22 ont été produites en version ClubSport avec arceau soudé et l'intérieur tout dépouillé (tout ce que j'aime).
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Et surtout, l'une d'elles, qui m'a fait de l'oeil pendant des années est à vendre. Bref, ce qui au début n'était qu'une discussion s'est concrétisé en réflexion puis en essai et j'ai réservé la voiture.
Autant lors de la réflexion, j'étais vraiment triste de mettre Titi en vente, autant après essai, je n'avais plus aucun remord : il me fallait cette belle caractérielle.
Car pour avoir du caractère, elle en a...
C'est donc une 993 GT Clubsport de 1996 avec 38 000 km, gris métal (tant pis pour la gaieté, tant mieux pour la discrétion). La voiture n'est pas totalement d'origine car elle a le bouclier avant de 993 GT Evo (la 993 GT de 1998), le capot et les portes en carbone, est chaussée en jantes BBS Magnesium (10 et 12 par 18 chaussés de PZero Corsa en 355/35/18 et 315/30/18), les gros freins de GT2 FIA (disques de 15 pouces, soit 380 mm) et une préparation moteur effectuée chez un habitué des 24H du Mans sur 993 GT : Roock Racing. La puissance mesurée aux roues chez eux est de 540 ch.
Le poids quant à lui est apparement sous les 1200 kg, soit plus léger que Titi.
Pour l'instant, la voiture est également équipée d'une boîte de vitesses aux rapports courts (vitesse maxi : 250 km/h), mais avant la livraison, j'ai demandé à ce que l'étagement soit remis d'origine.
Tout début mai, j'ai trouvé une journée où la route est restée sèche pour faire l'essai. J'arrive donc chez Marc et en discutant, Pierre le mécano commence un peu à m'impressionner en me disant que c'est une bête et que (je cite) : "Pas moyen de savoir combien elle a réellement de chevaux car quand elle est sur le banc la sal...e elle patine tout ce qu'elle peut...".
On sort la voiture, le coupe circuit est enclenché et on démarre la bestiole. Niveau bruit, c'est plutôt plus civilisé que Titi.
La voiture est réglée très riche : cela sent l'essence non brulée à plein nez quand le moteur tourne.
Marc raccroche d'un coup de fil et me dit : "Ecoute, Denis, je n'ai pas le temps, alors tu vas faire ton tour mais surtout, tu évite d'accélérer à fond de 2. Accélère plutôt à fond en 3, voire même en 4..." et il disparaît dans l'atelier s'occuper d'autres clients...
Le mécano me dit qu'il a une grande confiance connaissant la voiture : flatteur, mais pas forcément rassurant.
Bref, j'ouvre la porte et règle les harnais. Dedans, il y a tout ce que j'aime, c'est à dire rien : pas de moquette, une simple tige pour passer les vitesses et pas de moquette ni de fioritures.
Pas de dépaysement sauf la vision de l'aileron bi-plan dans le rétro à laquelle je ne suis pas habituée (pour les tubes de l'arceau, je connais déjà).
Marc passe, me pose la plaque de garage avec son support sur le tableau de bord et me souhaite bon essai.
Première, concentration pour ne pas caller, et c'est parti. J'effectue quelques kilomètres pour chauffer le moteur. Je roule doucement et teste les freins : le mordant initial semble moins brutal que sur la 965, mais on sent bien la puissance de freinage qui arrive avec une facilité de dosage déconcertante. Le chassis est pour l'instant très facile : moins ballaeuse que la 965.
Pour fanfaronner un peu, je passe voir Marco (qui était là lors des discutions mais qui a du être tenu au secret avant que tout soit certain) qui travaille pas loin : pendant ce moment, le moteur prend sa température.
Je repars et traverse un village en 4ème et décide à la sortie de mettre le pied au plancher. Là, je sens que ça vient et d'un coup, je sens une grande poussée dans le dos en même temps que je vois arriver vers ma tête la plaque de garage avec son support : je dois couper les gaz et un réflexe de la main gauche m'évite de me la prendre en pleine face. Je pose la plaque sur le siège et décide de reprendre une accélération en 4. Me revoilà alors à tester l'accélération en 4 : ça y est, ça arrive et ça colle au siège, mais ce n'est pas fini et le compteur grimpe tandis que je sens les Corsa déclarer forfait à la moindre aspérité pour reprendre aussitôt l'adhérence. Le chassis qui semblait docile change complètement de comportement sous l'écrasement du train arrière. Un piéton au bord cette la route s'arrête pour me regarder passer (attitude non hostile) : visiblement, la voiture n'est pas aussi discrète que je pensais. J'ai soulagé avant d'arriver trop loin, mais visiblement, le couple continuait à augmenter...
Je trouve un endroit très dégagé et je décide d'essayer la reprise en 5ème. La voiture est suffisament léger pour ne pas trop souffrir du temps de réponse, mais ensuite cela pousse très fort. Cette fois, je peux y aller sans arrière pensée (sauf de voir surgir un de ces instruments de mesure que nous n'aimons pas) et la poussée est équivalente à Titi à fond de trois, sauf que là, c'est en 5ème.
Quelques bouts bien dégagés me permettrons de ré-essayer la 4ème, qui est équivalente à la poussée de Titi en seconde.
J'ai bien essayé la troisième, mais lorsque le boost arrivait je sentais que les Corsa en 315 ne pouvaient digérer cela et que j'allais me transformer en toupie. Bref, j'ai renoncer à mettre à fond en 3ème sur le sec et en ligne droite... Je ne pensais pas que cela m'arriverait en jour car j'ai toujours dis que accélérer en ligne droite, même un imbécile savait parfaitement faire... Bref, me voici sous-imbécile, mais content d'avoir su rester prudent. Après cet essai de poussée, jâborde une partie sinueuse et le chassis est un régal :la voiture est rivée au sol, le roulis est beaucoup mieux maîtrisé que sur Titi et je sens bien que je me traîne comme un papy par rapport à ce que la voiture peut faire. Les freins sont super progressifs et ont sent bien que sur route, leur potentiel restera de toutes manières inexploité.
Me voici de retour à l'atelier, la voiture est entière et je viens de trouver de quoi m'occuper les 30 prochaines années pour tenter d'appréhender ne serait-ce que 30 % du potentiel de ce missile balistique.
Bref, me voici rassuré et je n'ai alors plus la crainte de me séparer de Titi. Titi m'a apporté énormément de plaisir et de satisfaction et reste une voiture hors du commun (les 480 ch de la 993 Turbo me parraissaient fade à coté et accéléraient moins fort que ses 400 percherons). Mais la reine incontestée des 911 de route reste pour moi la 911GT (je ne parle pas de la GT1 que je n'essaierai très certainement jamais) et cet essai le confirme.
En revanche, la boîte courte, c'est trop. Là, j'étais sur le sec, mais je ne me vois pas rouler sur le mouillé avec. Et pourtant, je roulais sur la neige avec Titi sans trop stresser...
Bref, l'essayer c'est l'adopter et depuis j'économise pour arriver à combler ce que je dois mettre au bout des deux Porsche pour me payer ce joujou extra...
La livraison ne se fera probablement pas avant septembre, mais peu importe, je sais maintenant que tout cela va se faire.
Je tiens à présenter mes excuse pour n'avoir pas voulu vous dire tout cela avant, mais rien n'était certain et dépendait de pas mal de choses, dont la vente des deux turbos.
Je mettrai quelques photos dans un post ci-dessous.
Denis
